L’inquiétude grandit au sein de la chaîne i24NEWS, diffusée sur le canal 15, après une série de messages internes laissant entendre que l’avenir du média est plus incertain que jamais. Ces développements ont ravivé les spéculations sur le sort de plusieurs figures emblématiques de la rédaction, dont le journaliste Tzvi Yehezkeli, arrivé récemment en provenance de la chaîne 13.
À l’origine de cette nouvelle vague de préoccupations figure une décision stratégique majeure : la société Optimum, filiale d’Altice US et investisseur clé dans i24NEWS, a annoncé la cessation de ses investissements dans la chaîne. Cette décision s’inscrit dans un recentrage de ses activités sur le marché américain, laissant i24NEWS dépendre quasi exclusivement du soutien financier de la famille Drahi. Pour les employés, cette annonce marque un tournant brutal, synonyme de fragilisation économique et de restructuration potentielle.
La semaine dernière, la directrice générale de la chaîne, Ronit Gonen Amit, a adressé un courriel à l’ensemble du personnel afin de tenter de calmer les esprits. Dans ce message, elle a assuré que la famille Drahi avait décidé de « prendre les rênes » de l’exploitation des chaînes, avec l’objectif de poursuivre leurs activités et d’apporter les améliorations nécessaires pour rester un acteur significatif du paysage médiatique. Toutefois, ce discours rassurant n’a pas suffi à dissiper le malaise interne.
Moins d’une semaine plus tard, un nouveau message, cette fois émanant du comité des employés, a été diffusé. Son contenu, bien que formulé de manière mesurée, a été interprété comme un signal d’alerte clair. Le message reconnaît explicitement une période de « forte incertitude » et précise que certains salariés seront affectés par le « processus global » en cours. Surtout, il détaille les montants des indemnités de départ proposées en cas de séparation consensuelle, une démarche généralement associée à des réductions d’effectifs imminentes.
Selon ce document, les employés comptant entre quatre mois et un an d’ancienneté pourraient recevoir une indemnité de 10 000 shekels. Ceux dont l’ancienneté est comprise entre un et deux ans auraient droit à 15 000 shekels, tandis que les salariés de plus de deux ans pourraient percevoir jusqu’à 20 000 shekels. Pour beaucoup au sein de la rédaction, cette gradation précise des montants constitue une « allusion épaisse » à une restructuration avancée, voire à une fermeture partielle ou totale du canal 15.
Dans ce contexte, les interrogations se multiplient quant au sort des visages connus de la chaîne. Outre Tzvi Yehezkeli, plusieurs journalistes et présentateurs de premier plan sont cités comme potentiellement concernés, parmi lesquels Avishai Grintzayg, arrivé du radiodiffuseur public, ou encore la présentatrice de journal Miri Michaeli. À ce stade, aucune décision individuelle n’a été officiellement annoncée, mais la perspective d’une perte d’emploi plane sur l’ensemble de l’équipe.
La situation est d’autant plus préoccupante que la chaîne peine à décoller en termes d’audience. Les chiffres de parts de marché resteraient inférieurs à un pour cent, un niveau jugé insuffisant pour garantir la viabilité économique à long terme dans un marché télévisuel israélien extrêmement concurrentiel. Cette faiblesse du rating complique la recherche de nouveaux investisseurs et réduit les marges de manœuvre stratégiques de la direction.
En coulisses, certains observateurs évoquent la possibilité d’un scénario plus radical, incluant la fermeture du canal 15 ou son intégration dans une structure médiatique plus large. De telles hypothèses sont renforcées par les discussions récurrentes autour d’éventuelles réformes du marché des médias, susceptibles de modifier les règles de concentration et de propriété croisée. Pour les employés, toutefois, ces considérations macro-économiques se traduisent avant tout par une insécurité professionnelle immédiate.
Du côté de la direction, le discours officiel reste prudent. Aucun calendrier précis n’a été communiqué, et aucune annonce formelle de licenciements n’a été faite. Néanmoins, le fait même de proposer des indemnités de départ est perçu comme un aveu implicite de difficultés structurelles. Dans les médias israéliens, ce type de démarche a souvent précédé des vagues de réductions d’effectifs.
Pour Tzvi Yehezkeli et ses collègues, la situation est emblématique des turbulences qui secouent le secteur de l’information. Après des années de mutations technologiques, de baisse des revenus publicitaires et de concurrence accrue des plateformes numériques, même les chaînes d’information en continu peinent à maintenir un modèle stable. L’épisode d’i24NEWS illustre une fois de plus la fragilité d’un écosystème médiatique soumis à des pressions économiques et politiques constantes.
À ce stade, une chose est certaine : le message inhabituel diffusé en interne a profondément ébranlé la rédaction. Qu’il s’agisse d’un ajustement temporaire ou du prélude à une transformation radicale, l’avenir du canal 15 et de ses journalistes demeure suspendu à des décisions qui devraient se préciser dans les semaines à venir.






