Les services de sécurité israéliens suivent avec une inquiétude croissante l’évolution de la situation en Syrie, où l’affaiblissement du pouvoir central transforme progressivement le pays en un espace ouvert à de multiples organisations terroristes hostiles à Israël. Selon des sources sécuritaires, la disparition de l’autorité ferme qui prévalait à l’époque de Bachar el-Assad a laissé place à une réalité instable, marquée par la prolifération de milices armées et de groupes jihadistes opérant avec une liberté accrue.
Sur le terrain syrien opèrent aujourd’hui, parfois côte à côte, des éléments de Hezbollah, de Daech, du Hamas, du Jihad islamique palestinien, ainsi que des milices pro-iraniennes. À ce paysage déjà explosif se sont ajoutés des membres de la Jama’a Islamiya, branche affiliée aux Frères musulmans, devenue ces dernières années un acteur actif également sur le front syrien. Plus préoccupant encore pour Israël : des combattants houthis originaires du Yémen auraient récemment été identifiés en Syrie, certains évoquant ouvertement la possibilité d’un futur affrontement direct avec l’État hébreu.
Au sein de Tsahal, on souligne la différence fondamentale entre l’ère Assad et la période actuelle. Le régime précédent, bien que hostile, maintenait une forme de dissuasion et de contrôle strict le long de la frontière avec Israël. À l’inverse, le nouveau pouvoir syrien, dirigé par Ahmad al-Sharaa, privilégierait un « calme industriel » qui, dans les faits, permet aux organisations terroristes de se renforcer, de s’implanter et de préparer leurs capacités opérationnelles sans réelle entrave.
Les responsables militaires israéliens estiment que ces groupes ne cherchent pas pour l’instant une confrontation immédiate, mais profitent du chaos syrien pour reconstruire des infrastructures, stocker des armes et améliorer leur coordination régionale. Hezbollah, en particulier, mènerait des efforts discrets mais constants pour rétablir ses réseaux militaires sur le territoire syrien, avec l’appui indirect de l’Iran.
Un autre facteur de préoccupation réside dans l’implication américaine. D’importants investissements économiques américains en Syrie offriraient, selon des sources israéliennes, une forme de « protection politique » au nouveau régime syrien, lui donnant une marge de manœuvre diplomatique accrue. Cette situation aurait récemment encouragé des provocations symboliques, notamment lorsqu’une colonne de combattants armés a organisé une démonstration de force face à des soldats israéliens sur le sol syrien. À Tsahal, on souligne que l’incident aurait pu dégénérer rapidement.
Face aux appels, en Israël comme à l’étranger, en faveur d’un retrait ou d’une réduction de la présence militaire israélienne, la position de Jérusalem demeure ferme. Le gouvernement et l’état-major considèrent la présence de Tsahal dans les zones du Golan syrien comme un impératif stratégique. Elle vise à protéger directement les localités du nord d’Israël et à constituer un rempart contre toute infiltration jihadiste provenant d’un territoire syrien devenu, selon les mots de responsables sécuritaires, un « carrefour régional du terrorisme ».








