L’Arabie saoudite transfère 90 millions de dollars à l’Autorité palestinienne : un soutien financier stratégique au moment le plus fragile

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L’Arabie saoudite a de nouveau ouvert son portefeuille en faveur de l’Autorité palestinienne (AP). Riyad a transféré 90 millions de dollars à Ramallah, un montant destiné à soutenir l’année budgétaire 2025. L’annonce a été faite à l’issue d’une rencontre à Amman entre l’ambassadeur saoudien en Jordanie, Mansour Ben Khaled Ben Farhan, et le ministre palestinien de la Planification et de la Coopération, Izzatfan Salameh.

Ce nouvel apport financier vient dans un moment particulièrement critique pour l’Autorité palestinienne, dont l’économie est au bord de l’effondrement. Les institutions de Ramallah sont fragilisées par les déficits chroniques, l’incapacité à lever les taxes nécessaires, et des tensions internes persistantes. Les fonds saoudiens, comme à chaque fois, arrivent à point nommé pour éviter un effondrement total des services publics en Cisjordanie.

Selon les déclarations officielles relayées par Arab News et par les agences palestiniennes, l’argent vise trois priorités définies : stabiliser le système de santé, renforcer l’éducation et éviter la paralysie administrative dans les ministères de Ramallah. Riyad présente cette contribution comme un geste de “soutien à la résilience du peuple palestinien”, mais le message politique en arrière-plan est beaucoup plus vaste.

Ces derniers mois, l’Arabie saoudite s’est positionnée comme un acteur central dans les discussions régionales, notamment avec les États-Unis, autour d’un éventuel accord global d’après-guerre incluant Israël, la reconstruction de Gaza et la formation d’une nouvelle structure de gouvernance palestinienne. Bien que l’AP soit largement discréditée dans la région, Riyad s’efforce de lui éviter l’effondrement total, craignant qu’un vide institutionnel à Ramallah n’ouvre la voie au Hamas en Cisjordanie — un scénario que ni Israël, ni Washington, ni les monarchies sunnites ne souhaitent voir se concrétiser.

Le vice-président de l’Autorité palestinienne, Hussein al-Sheikh, a remercié publiquement Riyad, soulignant que cette aide “permettra de soulager une pression financière immense et de garantir la continuité des services essentiels”. Le dirigeant palestinien en a profité pour appeler les autres pays arabes à “imposer des pressions internationales pour mettre fin à l’agression israélienne”, fidèle à la rhétorique habituelle de Ramallah.

Mais derrière la façade diplomatique, les motivations saoudiennes répondent aussi à des calculs stratégiques. Lors de sa rencontre avec Mahmoud Abbas début novembre, le prince héritier Mohammed ben Salmane avait réaffirmé son engagement à soutenir l’AP, tout en appelant à une réforme structurelle de ses mécanismes de gestion. Riyad souhaite éviter une explosion sociale en Cisjordanie, tout en préparant une possible restructuration politique du leadership palestinien. Les observateurs régionaux estiment que l’Arabie saoudite mise sur une AP affaiblie mais encore debout afin de l’intégrer dans une future feuille de route diplomatique, notamment autour d’accords de sécurité proposés par les États-Unis.

Israël, de son côté, suit attentivement ces transferts d’argent. D’après Ynet et Haaretz, les responsables israéliens considèrent qu’une collapse financière de Ramallah pourrait créer un vide dangereux, notamment dans des zones sensibles comme Jénine, Naplouse ou Hébron. Toutefois, Israël refuse toujours de transférer la totalité des fonds fiscaux palestiniens collectés chaque mois, particulièrement ceux destinés à Gaza, en raison du risque de détournement vers le Hamas.

L’aide saoudienne intervient aussi alors que plusieurs pays occidentaux réduisent progressivement leur soutien budgétaire à l’Autorité palestinienne. L’Europe, qui était historiquement le principal bailleur, durcit ses conditions, exigeant des audits, la fin des incitations à la violence et la transparence dans la gestion des salaires versés aux prisonniers condamnés pour terrorisme. Riyad choisit donc de remplir le vide en se posant comme la puissance sunnite capable de maintenir un minimum de stabilité.

Cette manœuvre diplomatique s’accompagne d’une stratégie internationale plus large. L’Arabie saoudite appelle désormais ouvertement les États donateurs à soutenir financièrement l’AP pour empêcher l’effondrement des institutions de Ramallah. Plusieurs analystes y voient une tentative de Riyad de consolider son rôle de “parrain régional” au moment où se redessine la carte du Moyen-Orient : une future normalisation avec Israël reste sur la table, mais sous conditions strictes, dont la mise en place d’une structure palestinienne “fonctionnelle” dans l’après-guerre.

L’Autorité palestinienne, pour sa part, traverse une crise de légitimité profonde. Mahmoud Abbas, âgé de 90 ans, affronte une contestation interne grandissante, des accusions de corruption, des institutions paralysées et une perte d’influence majeure face au Hamas. Pour de nombreux observateurs israéliens, cette aide saoudienne, même importante, ne suffira pas à corriger les faiblesses structurelles de la direction palestinienne.

Mais pour le moment, ce transfert de 90 millions de dollars permettra à Ramallah de passer les prochains mois sans sombrer. La question demeure : jusqu’à quand Riyad sera-t-il prêt à financer une entité fragilisée sans exige de changement profond ?

Sources :
Arab News, Al-Arabiya, Agence WAFA (AP), Ynet.

 

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