Le nouveau chef du Shin Bet, David Zini, a effectué au Caire son premier déplacement officiel hors d’Israël depuis sa nomination. Une visite hautement symbolique, consacrée au renforcement de la coopération sécuritaire avec l’Égypte et à la préparation du second volet de l’accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, placé au cœur des négociations menées sous l’égide du président américain Donald Trump.
La rencontre, confirmée par les autorités égyptiennes et rapportée dans la presse israélienne, a eu lieu ce dimanche avec le ministre du Renseignement du Caire, Hassan Rachad. Selon les informations publiées notamment sur Kikar HaShabbat (https://www.kikar.co.il), l’échange s’est déroulé dans une atmosphère « professionnelle et directe », centrée sur le suivi de l’accord en vigueur et sur les mécanismes destinés à stabiliser la frontière sud d’Israël.
Le déplacement constitue également un geste diplomatique significatif : le mois dernier, Rachad avait été accueilli à Jérusalem par Zini lors de sa première tournée de coordination depuis sa prise de fonctions à la tête du service de sécurité intérieure.
Il s’agit de la première apparition internationale officielle du chef du Shin Bet, nommé début octobre. Entré en fonction dans une période de tension aiguë autour de la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu, Zini agit désormais en tant que principal interlocuteur sécuritaire auprès des partenaires régionaux, en particulier l’Égypte, acteur-clé dans la gestion des passages frontaliers et des arrangements humanitaires.
Cette rencontre intervient quelques jours seulement après la réunion du cabinet ministériel restreint chargé, sous la direction de Benyamin Netanyahou, de piloter la négociation de la « phase 2 » de l’accord. Y participent les ministres Israel Katz, Gideon Sa’ar, Yariv Levin, Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir – un noyau resserré destiné à accélérer les décisions politiques et sécuritaires liées à la bande de Gaza.
La situation personnelle de Zini continue toutefois de susciter un vif débat dans le paysage politique israélien. Plusieurs organisations de gauche ont déposé des recours devant la Cour suprême pour contester sa nomination, arguant de son profil conservateur. Zini est en effet identifié comme un homme de droite affiché, un juif pratiquant et père de dix enfants – un portrait souvent utilisé par ses opposants dans les médias. Après plus de six heures d’audience, le président de la Cour suprême, Yitzhak Amit, a rejeté les accusations en déclarant sans ambiguïté : « Il n’y a aucune tache sur son intégrité ». Une formulation suffisamment claire pour refermer, du moins temporairement, le dossier.
Sur le front sécuritaire, la présence de Zini au Caire manifeste la volonté israélienne d’obtenir des garanties concrètes pour la mise en œuvre de la seconde étape de l’accord : retour des derniers otages, neutralisation progressive de l’appareil militaire du Hamas et consolidation de la sécurité dans la région. L’administration Trump, architecte du pacte initial, pousse fortement pour que cette seconde phase soit enclenchée avant la fin de l’hiver, notamment afin d’empêcher le Hamas de regagner du terrain dans les zones où Tsahal a déjà démantelé l’infrastructure terroriste.
Le rôle de l’Égypte reste crucial dans ce processus. Avec un contrôle stratégique sur le passage de Rafah et des liens historiques avec Gaza, Le Caire demeure l’un des médiateurs les plus influents. Une grande partie du plan repose en effet sur la coordination logistique et sécuritaire destinée à empêcher le réarmement du Hamas, en particulier via les tunnels transfrontaliers et les réseaux de contrebande.
Ce déplacement officiel s’inscrit également dans une dynamique régionale plus large : l’Égypte cherche à renforcer sa position comme interlocuteur stable et indispensable dans la gestion du dossier gazaoui. Malgré une situation économique difficile et des défis politiques internes, le régime d’Abdel Fattah al-Sissi souhaite apparaître comme un partenaire fiable face à l’administration Trump et aux alliés occidentaux impliqués dans le processus de stabilisation.
La visite de Zini souligne aussi un point politique important : Israël n’entend pas limiter ses efforts diplomatiques à la seule dimension militaire du conflit. En s’entretenant directement avec le chef du renseignement égyptien, le Shin Bet montre sa volonté d’intégrer l’Égypte dans une stratégie commune visant à restaurer la sécurité, empêcher la résurgence d’acteurs terroristes et assurer que la bande de Gaza évolue vers une configuration qui ne constitue plus une menace immédiate pour Israël.
Sur le plan interne, ce voyage renforce la stature du nouveau chef du Shin Bet. Nommé dans un contexte de profonde polarisation politique et de contestations judiciaires, David Zini franchit ainsi une étape décisive en s’imposant comme une figure stabilisatrice, capable d’agir au plus haut niveau diplomatique. Les critiques à son encontre se heurtent désormais à une réalité opérationnelle : il détient la confiance du gouvernement, du cabinet de sécurité et du système judiciaire, et il entame sa première mission internationale avec le soutien explicite de Netanyahou et du ministère de la Défense.
L’importance de l’Égypte dans le dispositif stratégique israélien s’affirme une fois de plus. Après des années de coopération discrète mais constante face à la menace du Hamas et à l’instabilité du Sinaï, les discussions ouvertes entre Zini et Rachad témoignent d’une relation de travail solide. Elles rappellent que la stabilité régionale ne repose pas uniquement sur les opérations militaires, mais aussi sur le dialogue continu avec les acteurs les plus proches du terrain.
Pour Israël, la réussite de la phase 2 de l’accord de cessez-le-feu dépendra de cette coordination. Pour l’Égypte, il s’agit d’une opportunité de se positionner comme un pivot politique incontournable au Moyen-Orient. Dans les deux cas, la visite marque un tournant qui pourrait influencer directement le rythme et la structure des prochaines étapes vers la neutralisation définitive du Hamas et la sécurisation durable de la frontière sud d’Israël.






