Les révélations autour des manquements sanitaires dans un magasin Rami Levy de Haïfa n’étaient, semble-t-il, que la partie émergée de l’iceberg. Une enquête menée par mako Santé dans trois succursales de la chaîne — à Herzliya, Bnei Brak et Ramat HaHayal — a mis au jour une série de dysfonctionnements graves, remettant directement en cause la qualité de la gestion et, surtout, la sécurité sanitaire des consommateurs. Les images recueillies sur place dévoilent des scènes difficilement compatibles avec les standards attendus d’un distributeur majeur : saleté généralisée, légumes pourris, odeurs pestilentielles, humidité, moisissures et même une souricière posée à même le sol près d’un réfrigérateur. Une combinaison alarmante, qui a conduit les enquêteurs à tirer une conclusion simple : la situation n’est pas marginale, elle semble systémique.
Le point de départ de l’enquête remonte à la fermeture complète, ordonnée par le ministère de la Santé, de la succursale Rami Levy de Haïfa. Le rapport officiel faisait état de cafards circulant entre les étals de légumes, de déjections de rongeurs dans des zones de stockage, de moisissures dans les chambres froides, de corrosion sur les étagères et de fuites multiples. Alors que ce cas avait suscité un choc national, mako a voulu vérifier si ces problèmes étaient concentrés dans un seul magasin ou s’ils reflétaient une réalité plus large. Les résultats de leur investigation apportent une réponse inquiétante.
À Herzliya, dans la branche « Rami Levy dans le quartier », située rue Sokolov, les enquêteurs n’ont même pas eu besoin de franchir l’entrée pour constater les premiers signes de négligence : plusieurs employés fumaient des cigarettes juste devant la porte, dans un espace pourtant réservé au passage des clients. À l’intérieur, une odeur forte et persistante se dégageait des zones de fruits et légumes. Des légumes pourris, des nuées de moucherons, des étals tachés et des sols glissants couverts de liquides non identifiés ont été observés. Les étiquettes de prix étaient également souillées, ce qui renforçait l’impression générale d’un manque d’entretien préoccupant.
Le magasin de Bnei Brak, situé rue Mivtsa Kadesh, donnait au premier regard une impression plus positive, mais celle-ci s’est dissipée dès l’ouverture des étals. Des emballages de maïs moisi, des piments et poivrons présentant des taches noires, et des cageots posés à proximité immédiate de poubelles ont été constatés. L’équipe a également noté des caisses de pommes de terre posées à même le sol, à côté d’une flaque, tandis que des courges attiraient des insectes. Une nouvelle fois, les manquements les plus graves se concentraient dans la section fruits et légumes, signe d’une défaillance structurelle de l’entretien quotidien.
À Ramat HaHayal, la succursale de la rue Dévora HaNevia avait, elle aussi, un aspect accueillant à première vue. Des publicités sonnantes et une ambiance soignée laissaient penser à un magasin bien tenu. Pourtant, les équipes ont découvert des tomates pourries, des pommes de terre malodorantes, des emballages de maïs envahis de moisissures vertes, et même des moucherons à l’intérieur de certains paquets. Le magasin étant en rénovation, une partie du désordre pouvait être expliquée, mais certainement pas la présence d’une souricière posée au sol, à côté d’un réfrigérateur, dans un espace accessible aux enfants. Des excréments ont été repérés dans les environs de cette même piège, un signe sans équivoque d’une infiltration de nuisibles.
Malgré l’ampleur des constats, la chaîne Rami Levy n’a pas fourni de réaction aux journalistes. En revanche, une experte en maladies infectieuses, la Dr Marina Maskelito Tamir, a rappelé que ce type de conditions représente une menace immédiate pour la population. « Ce n’est pas seulement une question d’hygiène : c’est une baisse inquiétante du niveau général de vente de produits alimentaires », a-t-elle déclaré. Elle a également souligné que la présence de pièges à rongeurs au contact de zones alimentaires expose directement les consommateurs à des risques d’empoisonnement. L’experte a insisté sur l’importance d’une supervision rigoureuse dans les grandes chaînes, qui ont la responsabilité de maintenir des standards irréprochables compte tenu de leur rôle central dans l’alimentation quotidienne de millions d’Israéliens.
Au cœur de cette affaire se trouve une réalité dérangeante : dans chacun des trois magasins inspectés, aucun rongeur visible n’a été observé, mais les traces d’invasion — odeurs, insectes, moisissures, saletés accumulées — témoignent d’un laisser-aller incompatible avec les normes sanitaires minimales. Le fait que la majorité des problèmes se concentre dans les départements de fruits et légumes, où les produits sont souvent vendus non emballés, amplifie le danger. La question qui demeure, après ces révélations, est simple : combien d’autres succursales dans le pays présentent des conditions similaires, et combien d’entre elles risquent à leur tour la fermeture administrative ?
Ce nouveau scandale sanitaire survient dans un moment où les consommateurs israéliens sont déjà confrontés à une hausse généralisée des prix alimentaires et à une méfiance croissante envers certaines grandes chaînes. La confiance du public, une fois brisée, ne se répare pas facilement. Si Rami Levy veut éviter une crise plus profonde, il devra fournir des explications — et surtout, des actions immédiates et visibles.






