La tension autour des initiatives internationales visant à reconnaître une « voie vers un État palestinien » continue de s’intensifier, et le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a choisi d’y répondre avec une fermeté inhabituelle, même pour lui. Lors de l’ouverture de la réunion de son groupe à la Knesset, le chef du parti Otzma Yehudit a dénoncé ce qu’il considère comme un retour en force des pressions diplomatiques pour établir un État palestinien — cette fois via un projet de résolution présenté au Conseil de sécurité de l’ONU.
Selon Ben Gvir, l’initiative n’est pas seulement dangereuse : elle constitue une menace directe pour l’existence même d’Israël. « Il faut dire les choses telles qu’elles sont. Un État palestinien — pour ce peuple inventé qui s’appelle “palestinien” — ne doit jamais voir le jour. Ceux qui rêvent de cet État veulent l’établir sur les ruines de l’État d’Israël. »
Il a souligné que les événements du 7 octobre 2023 restent indissociables de ces ambitions : « Ceux qui ont perpétré le massacre du 7 octobre aspirent à un État palestinien. Ceux qui versent encore aujourd’hui des salaires aux terroristes, qui donnent le nom de meurtriers juifs à des places publiques à Ramallah, qui nient la Shoah — aspirent aussi à cet État. »
Un message direct à Netanyahu : « Abbas et ses hommes doivent savoir qu’ils n’ont aucune immunité »
Ben Gvir s’est également adressé frontalement au Premier ministre Benjamin Netanyahu, affirmant que toute indulgence envers l’Autorité palestinienne (AP) serait une grave erreur stratégique. « Mahmoud Abbas et ses complices doivent comprendre qu’ils n’ont aucune forme d’immunité. Aucune. »
Dans une montée rhétorique marquée, il a déclaré que si l’ONU allait de l’avant et reconnaissait une entité palestinienne, Israël devrait immédiatement adopter une politique d’assassinations ciblées contre les hauts responsables de l’Autorité palestinienne.
« Si le Conseil de sécurité accélère la reconnaissance de ce que j’appelle “l’État terroriste palestinien”, il faudra ordonner des éliminations ciblées contre les dirigeants de l’Autorité palestinienne — ce sont des terroristes à part entière. Il faudra aussi ordonner l’arrestation de Mahmoud Abbas. Une cellule est prête pour lui à la prison de Ktziot. »
Un discours qui s’inscrit dans un bras de fer international
La prise de position de Ben Gvir intervient alors que plusieurs initiatives diplomatiques circulent, notamment autour d’un texte discuté au Conseil de sécurité, évoquant pour la première fois la formulation : « pathway to a Palestinian state ».
Des discussions de ce type surviennent régulièrement lorsque Washington souhaite faire avancer un cadre diplomatique régional. Toutefois, depuis l’arrivée au pouvoir du président Donald Trump en janvier 2025, les positions américaines ont évolué de manière notable. Washington pousse désormais pour un modèle de stabilisation régionale post-Gaza, mais sans reconnaître un État palestinien tant que les conditions de sécurité — définies notamment dans le Trump Peace Framework — ne sont pas remplies.
Sources réelles :
• Sur les discussions actuelles au Conseil de sécurité :
https://www.reuters.com/world/middle-east
• Position américaine (administration Trump 2025) :
Déclarations du département d’État sur https://www.state.gov
• Politique israélienne sur l’Autorité palestinienne :
https://www.gov.il/fr/departments/news
Une ligne dure assumée, en rupture totale avec les approches diplomatiques traditionnelles
Ben Gvir poursuit ce qui est désormais sa marque politique : dénoncer l’Autorité palestinienne comme une organisation « structurellement liée au terrorisme ». Il évoque régulièrement :
- les salaires versés par Ramallah aux terroristes condamnés (“pay for slay”), documentés par le Congrès américain ;
- les hommages publics aux auteurs d’attentats ;
- la coopération fluctuante entre les forces de sécurité de l’AP et Israël.
Depuis des années, les rapports de l’Institut d’études de sécurité nationale (INSS) et de l’ONG Palestinian Media Watch mettent en évidence ces pratiques, régulièrement citées dans les débats publics israéliens.
Sources :
• Palestinian Media Watch — https://palwatch.org
• INSS – mémos et analyses sur l’AP — https://www.inss.org.il
Dans ce contexte, les propos du ministre ne surprennent pas ses électeurs : ils reflètent la vision selon laquelle une AP renforcée pourrait faciliter, plutôt qu’empêcher, un futur conflit.
Une stratégie qui vise à influencer Netanyahu et à moduler le rapport de force interne
Au-delà de la scène internationale, le discours de Ben Gvir vise clairement aussi la politique intérieure. Il rappelle à Netanyahu que sa coalition dépend du camp national-religieux, lequel refuse catégoriquement toute avancée vers un État palestinien — même théorique ou symbolique.
Dans l’immédiat, le Premier ministre continue d’affirmer publiquement son opposition à la création d’un État palestinien, position réaffirmée à plusieurs reprises depuis janvier 2024. Mais la pression américaine, régionale et onusienne pourrait revenir au centre du débat dans les prochaines semaines, notamment dans le cadre des discussions sur l’après-guerre à Gaza.
Ben Gvir, quant à lui, confirme qu’il ne reculera pas. Son message est clair : toute reconnaissance internationale d’un État palestinien doit entraîner une réponse sécuritaire implacable.






