L’Université Ben-Gourion du Néguev se retrouve une nouvelle fois au cœur d’une tempête politique et morale. Ce mardi, l’ancien vice-ministre Almog Cohen, accompagné d’activistes du mouvement “Im Tirtzou” et de plusieurs réservistes, a fait irruption dans un cours du Dr Sebastian Ben Daniel — connu en ligne sous le pseudonyme “John Brown” — après que ce dernier a publié à plusieurs reprises des déclarations virulentes contre les soldats de Tsahal. Parmi ces propos : l’accusation selon laquelle les combattants israéliens auraient été “éduqués pour devenir des meurtriers de bébés”, une phrase devenue symbole de la polémique.
Suspendu par le passé puis réintégré en mars après des excuses publiques, le Dr Ben Daniel suscite depuis des mois une profonde colère parmi les étudiants, les familles endeuillées et les réservistes revenus du front. Sur les réseaux sociaux, ses prises de position contre l’opération de Tsahal à Gaza ont souvent franchi — aux yeux du public israélien — la ligne séparant la critique politique du dénigrement pur.
Une irruption en plein cours : “Pourquoi traitez-vous les soldats de meurtriers ?”
La scène s’est déroulée durant un cours de rattrapage, prévu notamment pour les étudiants réservistes ayant manqué des sessions pendant la guerre. Plusieurs combattants démobilisés, dont Matane Asher — cousin du sergent Amit Buncel z”l, tombé dans les combats à Gaza — sont entrés dans la salle en demandant des explications au professeur.
“Pourquoi qualifiez-vous les soldats de meurtriers d’enfants ?”, ont lancé les réservistes.
“Pourquoi appelez-vous à retirer l’immunité aux soldats de Tsahal ?”
Le ton est monté rapidement. Cohen, arrivé peu après avec d’autres militants, a exigé des réponses de la part du professeur et de ses collègues venus le soutenir. Selon les manifestants, le recteur de l’université, présent sur place, aurait refusé de s’exprimer et appelé à poursuivre le cours. Face à l’escalade, la séance a finalement été annulée.
Une polémique qui dure depuis des mois
Les propos du Dr Ben Daniel avaient déjà créé une onde de choc. L’enseignant s’était excusé en mars dans un long message adressé aux étudiants, reconnaissant que ses publications — sorties “de leur contexte”, selon lui — avaient blessé et créé une tension injuste au sein de la classe. Il plaidait pour une stricte séparation entre ses activités académiques et ses opinions politiques.
“Si certains d’entre vous ont été blessés par la façon dont mes propos ont été relayés, je m’en excuse”, écrivait-il alors.
Mais pour une partie du public, le retour du professeur n’a jamais été accepté, considérant que ses déclarations avaient franchi un seuil moral intolérable, en particulier durant une période où des centaines de soldats israéliens risquent leur vie.
Almog Cohen : “La liberté d’expression n’est pas la liberté d’incitation”
Dans un communiqué, Almog Cohen n’a pas mâché ses mots :
“Je suis fier d’avoir été présent pour faire entendre la voix des étudiants contre leur professeur néo-nazi, qui pense qu’ils sont des meurtriers. La liberté d’expression n’est pas la liberté d’incitation. Dommage qu’on l’ait réintégré. Je promets de revenir à chaque fois qu’il enseignera.”
Cohen estime que la présence d’un tel enseignant sur un campus public constitue une offense aux soldats revenus du front, aux familles endeuillées et aux étudiants qui ont servi pendant la guerre.
La réponse de l’Université Ben-Gourion : Cohen a nui aux réservistes qu’il prétend défendre
L’université a immédiatement réagi :
“Almog Cohen a fait irruption dans un cours de rattrapage destiné également aux étudiants réservistes, perturbant leur séance et les pénalisant. C’est un événement regrettable, car il porte atteinte à des combattants revenus du front et qui tentent de poursuivre leurs études. Un comportement agressif n’est pas digne d’un élu public.”
L’institution précise condamner les propos tenus par le Dr Ben Daniel, mais rappelle que ceux-ci ont été exprimés hors du campus et ne constituent pas une infraction pénale.
“Nous ne nous tairons pas” : Im Tirtzou promet de poursuivre la mobilisation
Matane Jerfy, réserviste et directeur de “Im Tirtzou”, assure que la pression ne faiblira pas :
“La direction de l’université ne pourra plus ignorer les étudiants ni la pression publique. Nous continuerons à faire entendre la voix du peuple et des réservistes. Nous ne nous tairons pas.”
Alors que le débat sur la place des discours anti-Tsahal dans le monde universitaire s’intensifie, Ben-Gourion se retrouve une fois encore au centre d’un conflit profond entre liberté académique et respect des soldats. Le fossé entre les deux camps ne cesse de se creuser — et rien n’indique qu’il va se refermer prochainement.






