C’est un séisme politique et symbolique : Zoharan Memdani, militant pro-palestinien et fervent partisan du mouvement BDS, a été élu maire de New York.
Dans la ville qui abrite la plus grande communauté juive du monde, ce résultat résonne comme un avertissement. Le rêve américain des Juifs new-yorkais vacille, et Israël observe, sidéré, la montée d’un nouvel antisionisme institutionnel.
Une victoire inquiétante
Âgé de 34 ans, d’origine ougandaise et musulmane pratiquant, Memdani a battu son rival Andrew Cuomo, ancien gouverneur de l’État de New York, en obtenant plus de 50 % des voix.
Il devient ainsi le premier maire musulman de l’histoire de New York, et le plus jeune élu à ce poste depuis un siècle.
Son discours de victoire, prononcé devant une foule brandissant drapeaux palestiniens et pancartes “Free Gaza”, a immédiatement donné le ton :
“New York restera une ville de migrants. Nous combattrons toutes les discriminations, y compris celles exercées par Israël.”
Ces mots ont glacé une partie de la communauté juive locale. Dans cette mégapole où plus d’1,2 million de Juifs vivent, travaillent et prient, l’élection d’un militant ouvertement anti-israélien marque un tournant.
Le triomphe d’une idéologie
Membre du parti démocrate progressiste, Memdani est connu pour son soutien affiché au mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), qu’il décrit comme “une résistance pacifique contre l’apartheid israélien”.
Il a refusé à plusieurs reprises de reconnaître Israël comme État juif et a qualifié la guerre contre le Hamas de “génocide”.
Cette rhétorique, jadis marginale, s’est banalisée dans les universités et les médias américains.
Dans les faits, 31 % des électeurs juifs new-yorkais ont voté pour lui — preuve d’un désarroi identitaire que beaucoup d’observateurs expliquent par la déconnexion croissante entre diaspora et Israël.
“Les jeunes Juifs américains ne se sentent plus concernés par le destin de l’État hébreu”, analyse le politologue new-yorkais David Rosenfeld. “Ils ont grandi dans un environnement progressiste où le sionisme est présenté comme une faute morale.”
Le silence assourdissant d’Hollywood et des élites juives
Cette fracture se manifeste aussi dans la culture populaire.
Alors que les drames du 7 octobre et la guerre contre le Hamas ont bouleversé Israël, peu de personnalités juives d’Hollywood ont osé s’exprimer.
Zach Efron, Scarlett Johansson, Adam Sandler ou Timothée Chalamet — tous d’origine juive — ont choisi le silence, par peur de perdre des contrats.
La comédienne Ilana Glazer, très influente sur TikTok, a même soutenu publiquement Memdani, qualifiant sa victoire de “renaissance morale”.
Pour les Israéliens, ce silence est une trahison : “Ils préfèrent être aimés que debout”, résume une journaliste de Haaretz dans une chronique amère.
Les réactions israéliennes : entre choc et lucidité
À Jérusalem, la réaction officielle a été mesurée, mais le malaise est réel.
“Nous respectons la démocratie américaine, mais nous ne fermerons pas les yeux sur la montée de l’idéologie BDS au cœur de New York”, a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Pour beaucoup de diplomates, la victoire de Memdani marque un tournant dans les relations entre Israël et les communautés juives américaines, longtemps considérées comme des bastions de soutien inconditionnel.
“Ce n’est pas seulement une élection municipale, c’est un signal de déclin spirituel”, analyse le journaliste israélien Tsvi Yehezkeli.
“Le djihad silencieux avance par les urnes, pas par les bombes. Et cette fois, c’est la ville de New York qui a capitulé la première.”
Entre indifférence et inquiétude
Sur le terrain, les Juifs new-yorkais oscillent entre résignation et peur.
Les agressions antisémites, déjà en hausse de 300 % depuis 2023, risquent de s’intensifier dans un climat politique où Israël devient un bouc émissaire permanent.
“Nos enfants rentrent de l’école en cachant leur étoile de David”, confie Sarah Goldberg, enseignante à Brooklyn. “Nous n’avons plus la certitude d’être chez nous.”
Mais paradoxalement, peu envisagent de quitter les États-Unis.
“Les Juifs américains sont trop intégrés, trop confortables”, estime le sociologue israélien Avi Ben-David. “Ils préfèrent ignorer le danger plutôt que de reconnaître qu’Israël reste leur seule maison sûre.”
Une fracture civilisationnelle
La victoire de Memdani dépasse le cadre new-yorkais : elle symbolise le basculement moral de l’Occident, où les valeurs progressistes servent désormais de paravent à une haine sélective.
Là où l’islamisme se présente en victime, Israël devient le coupable permanent.
Ce renversement, nourri par les universités, les réseaux sociaux et la lâcheté politique, menace désormais les fondements de la démocratie américaine elle-même.
“Le 7 octobre a révélé la barbarie”, écrivait un chroniqueur israélien. “Le 5 novembre, New York a révélé la cécité.”






