L’annulation d’un concert de Hanoucca à Amsterdam, en raison de la présence du hazan en chef de Tsahal, a provoqué un séisme moral en Israël et dans la diaspora.
Pour le ministre israélien de la Diaspora, Amichaï Chikli, la Hollande “n’a rien appris” et “abandonne encore les Juifs”, quatre-vingts ans après la Shoah. Un symbole glaçant d’un continent qui, sous couvert de tolérance, ferme les yeux sur la haine.
Un concert annulé, une faute historique
Ce devait être une soirée de lumière et d’unité : le grand concert de Hanoucca organisé par la communauté juive d’Amsterdam.
Mais la direction du prestigieux Concertgebouw a soudainement annoncé l’annulation pure et simple de l’événement — motif : la participation du lieutenant-colonel Shaï Abramson, hazan (chantre) en chef de Tsahal.
Une présence jugée “incompatible” avec le climat politique local, où les manifestations pro-palestiniennes se multiplient chaque semaine dans les rues de la capitale néerlandaise.
Le message était clair : un Juif, oui — mais un Juif qui porte l’uniforme israélien, non.
La décision a immédiatement suscité un tollé au sein de la communauté juive locale et des condamnations officielles d’Israël.
Chikli : “La Hollande suit la voie de la Belgique”
Le ministre israélien de la Diaspora, Amichaï Chikli, a publié un texte d’une rare gravité.
“Il y a quatre-vingts ans, 75 % des Juifs hollandais ont été exterminés — la proportion la plus élevée d’Europe occidentale”, a-t-il rappelé.
“Sur 140 000 Juifs, 102 000 ont été assassinés dans les camps, principalement à Auschwitz et Sobibor. Et aujourd’hui, la Hollande démontre que rien n’a changé : elle ferme à nouveau la porte aux Juifs.”
Le ministre accuse le pays de suivre la dérive belge, où les événements liés à Israël sont régulièrement annulés “par peur de déplaire à la rue musulmane”.
“Les Pays-Bas deviennent un endroit où les Juifs n’osent plus afficher leur identité, où l’on annule Hanoucca pour ne pas déranger les antisémites”, déplore-t-il.
Une communauté de plus en plus isolée
Aux Pays-Bas, la petite communauté juive, estimée à 35 000 membres, vit sous tension.
Ces dernières années, les attaques verbales et physiques contre les Juifs se sont multipliées : insultes dans les transports, graffitis antisémites, synagogues sous surveillance policière.
En 2024 déjà, les supporters de Maccabi Tel-Aviv avaient été agressés à Amsterdam par des militants islamistes criant “Hamas, Hamas, les Juifs au gaz”.
“Nous vivons un retour aux années 1930”, témoigne Doron Sanders, président du mouvement Mizrahi aux Pays-Bas.
“Les institutions culturelles refusent d’accueillir tout artiste lié à Israël. On diabolise les soldats de Tsahal comme s’ils étaient des criminels de guerre. La peur revient.”
Dans ce climat, l’annulation du concert de Hanoucca sonne comme un avertissement : l’antisémitisme n’est plus seulement toléré — il est institutionnalisé.
L’ambassade d’Israël proteste, sans effet
L’ambassadeur d’Israël à La Haye, Tzvi Avinery-Wofny, a dénoncé une décision “honteuse et discriminatoire”.
“En Israël, les soldats défendent la démocratie et la vie humaine. En rejetant un artiste pour sa loyauté envers cette mission, vous trahissez l’esprit même de la culture et de la musique”, a-t-il déclaré dans un communiqué officiel.
Mais du côté hollandais, aucune autorité n’a condamné la décision du Concertgebouw. Pas même le ministère de la Culture, qui s’est contenté d’évoquer “un choix interne à la direction de la salle”.
L’indifférence, une fois encore, fait plus mal que la haine ouverte.
La gauche néerlandaise sur la pente glissante
Les dernières élections aux Pays-Bas ont accentué la fracture.
Les partis de gauche — dont plusieurs figures ont ouvertement soutenu le boycott d’Israël — ont enregistré une poussée spectaculaire.
Résultat : une atmosphère idéologique où la cause palestinienne est devenue un dogme, et la solidarité avec Israël, un tabou.
“Les Juifs néerlandais se demandent désormais s’ils ont encore un avenir ici”, commente une journaliste du quotidien De Telegraaf.
Plusieurs familles ont déjà entamé des démarches pour faire leur alyah vers Israël.
Un miroir de l’Europe
Le cas hollandais n’est pas isolé. Partout en Europe, la judéophobie reprend racine, souvent maquillée en “antisionisme culturel”.
Annuler un concert, boycotter une exposition, déprogrammer un artiste : ces gestes symboliques créent un climat de peur et de résignation.
Pour les Israéliens, ils rappellent que la lutte pour la sécurité du peuple juif ne se joue pas seulement à Gaza — mais aussi à Amsterdam, Paris ou Londres.
“Ce qui se passe en Europe n’est pas une polémique artistique, c’est une faute morale”, tranche un diplomate israélien à Jérusalem.
“Quand on cède face à la haine, on la nourrit. Quand on ferme la porte à un chant de Hanoucca, on éteint la lumière.”
La lumière contre les ténèbres
Dans quelques semaines, les bougies de Hanoucca brilleront à Tel-Aviv, Jérusalem et Netanya.
Elles rappelleront que la lumière juive ne s’éteint jamais, même dans les lieux où l’on tente de la bâillonner.
“Les Juifs d’Europe doivent réfléchir à leur avenir”, conclut Amichaï Chikli.
“Là où l’on n’a pas appris du passé, il ne reste qu’à fuir l’avenir.”






