Un rapport accablant du New York Times révèle un carnage perpétré par les forces du régime syrien contre la minorité druze. Israël, inquiet pour la sécurité de ses alliés régionaux, aurait frappé pour contenir la barbarie.
Un enquête explosive du New York Times, publiée le 22 octobre, dresse un tableau d’horreur : des unités de la nouvelle armée syrienne, soutenues par des milices pro-régime, auraient mené une campagne d’exécutions sommaires et d’humiliations publiques contre la population druze du gouvernorat de Soueïda, au sud du pays.
Les images et témoignages vérifiés par le quotidien américain évoquent un massacre méthodique : des civils âgés abattus à bout portant, des familles forcées à sauter des balcons sous la menace, des jeunes exécutés dans les couloirs d’un hôpital.
“Ils ont fait irruption dans l’hôpital, mis les soignants à genoux et tiré sur un étudiant de 22 ans qui refusait de les soigner en priorité”, raconte un témoin cité par le New York Times.
Une terre druze transformée en champ de ruines
Les événements se sont produits dix mois après la chute du régime d’Assad et l’arrivée au pouvoir d’Ahmed al-Shar’a, ex-chef rebelle islamiste devenu président de transition.
Al-Shar’a avait promis à la communauté internationale une “nouvelle ère de réconciliation nationale”, des réformes et la protection des minorités. Mais les faits sur le terrain rappellent les pires heures de la guerre civile syrienne.
Selon l’enquête, près de 2 000 personnes — presque toutes des civils druzes — ont été tuées en quelques semaines, dans ce qui constitue l’un des pires massacres confessionnels depuis 2011.
Des vidéos montrent aussi des soldats rasant les moustaches des hommes druzes avant de les exécuter — un geste considéré comme une humiliation rituelle dans la culture de la communauté.
Le choc est immense : le chef spirituel druze, le cheikh Hikmat al-Hijri, a appelé à la sécession de Soueïda et à la fermeture totale de la province aux forces gouvernementales. Des milices locales ont immédiatement bloqué les routes d’accès, érigeant des points de contrôle armés pour protéger les villages.
Le “nouveau régime syrien” rattrapé par ses démons
Le massacre de Soueïda révèle l’effondrement de la fiction d’un régime réformé.
Al-Shar’a, ancien jihadiste proche d’al-Qaïda ayant rompu avec les islamistes en 2023, s’était présenté comme un modéré soutenu par Washington, Bruxelles et les monarchies du Golfe.
En échange de promesses de stabilité et de modération, ces puissances avaient allégé les sanctions économiques et versé une aide humanitaire d’urgence.
Mais dès mars dernier, les observateurs avaient noté des exécutions de masse d’Alawites — la communauté d’origine du clan Assad. Soueïda n’est qu’une extension de cette logique de vengeance.
“Les promesses de protection des minorités se sont transformées en politique de terreur,” analyse Elizabeth Tsurkov, chercheuse au Middle East Institute. “C’est un retour brutal à la barbarie d’État.”
Israël entre en scène : protéger les Druzes, contenir l’Iran
Face à la montée du chaos, Israël est intervenu discrètement.
Selon plusieurs sources régionales citées par Maariv et Times of Israel, l’armée de l’air israélienne a mené une série de frappes ciblées dans le sud de la Syrie, contre des positions de l’armée syrienne et des milices pro-iraniennes, afin de protéger la population druze et empêcher le déploiement de combattants chiites à la frontière du Golan.
“Israël ne pouvait rester spectateur d’un massacre à sa porte, surtout contre une population qui lui est traditionnellement alliée,” commente le colonel (rés.) Ely Karmon, expert au Counter-Terrorism Institute de Herzliya.
L’État hébreu entretient depuis longtemps des liens de confiance avec les Druzes de Syrie, historiquement hostiles aux extrémistes sunnites comme aux agents iraniens. En 2018 déjà, Israël avait fourni un soutien logistique et médical à la population de Soueïda lors des attaques de Daech.
Silence et hypocrisie internationale
Malgré la gravité des faits, la réaction des grandes puissances reste timide.
Al-Shar’a a promis devant l’ONU de “punir les responsables de violations graves”, mais ses propres forces sont directement impliquées.
L’ONU, de son côté, parle de “violences préoccupantes”, sans condamner explicitement le régime.
Le président américain Donald Trump, lors de sa conférence commune avec Netanyahu à Jérusalem, a qualifié les événements de “nouvelle preuve du chaos laissé par les régimes post-islamistes”.
“Israël a raison de défendre les innocents là où les Nations unies échouent encore,” a-t-il ajouté.
Un nouvel avertissement pour le Moyen-Orient
La tragédie de Soueïda met à nu la fragilité du nouvel ordre régional en Syrie :
- un régime sans contrôle,
- une Russie en retrait,
- un Iran affaibli mais toujours présent,
- et un Israël contraint d’agir seul pour protéger ses frontières et les minorités menacées.
Elle rappelle aussi combien la “fin” de la guerre syrienne n’a jamais signifié la fin de la barbarie.
Comme l’écrivait déjà The Wall Street Journal, “le départ d’Assad n’a pas mis fin au bain de sang, il a seulement changé les bourreaux”.
Israël, ultime rempart moral
Dans cette région où les promesses de paix se dissolvent dans le sang, Israël demeure la seule puissance démocratique capable de réagir face aux massacres.
Pour les Druzes du plateau du Golan, l’intervention israélienne n’est pas seulement militaire : c’est un acte de solidarité communautaire et morale.
“Sans Israël, nous serions déjà effacés de la carte,” confiait hier un chef druze local à Kan News.
Le drame de Soueïda, au-delà de ses frontières, réaffirme une évidence : l’Orient ne sera jamais pacifié tant que les dictatures continueront de se nourrir de la peur et de la haine religieuse.
Et face à ce désastre humain, le silence n’est plus une option.