Lors d’une réunion avec le chef du renseignement égyptien, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a catégoriquement refusé la participation de la Turquie et de l’Autorité palestinienne à la future force internationale censée sécuriser Gaza. Un signal clair : Israël entend garder seul le contrôle stratégique du post-conflit.
La scène s’est déroulée mardi soir à Jérusalem. Dans son bureau, Benjamin Netanyahu recevait Abbas Kamel, chef du renseignement égyptien, pour une rencontre confidentielle sur la stabilisation de la bande de Gaza après la trêve supervisée par Washington. D’après une source palestinienne citée par Sky News Arabia, le Premier ministre israélien a opposé un refus catégorique à l’idée d’intégrer la Turquie ou l’Autorité palestinienne dans le futur dispositif international de maintien de la paix proposé par les États-Unis et le président Donald Trump.
Cette réunion intervient alors que la Maison-Blanche, sous l’impulsion du vice-président J.D. Vance et du conseiller spécial Jared Kushner, travaille à la constitution d’une coalition de sécurité régionale regroupant les États modérés : Égypte, Jordanie, Émirats arabes unis et Maroc. L’objectif américain est de créer un cadre civil et militaire capable d’administrer temporairement Gaza sans rétablir la domination du Hamas ni provoquer d’occupation israélienne permanente.
Mais pour Netanyahu, certaines lignes rouges ne peuvent être franchies. Selon Open Source Intel, il aurait déclaré à ses interlocuteurs :
“Israël ne confiera jamais sa sécurité à ceux qui ont soutenu le Hamas, ni à ceux qui glorifient ses martyrs. Nous ne déléguerons pas notre défense à Ankara ni à Ramallah.”
La position du Premier ministre s’appuie sur deux considérations stratégiques.
D’une part, la Turquie d’Erdogan entretient depuis des années des liens avérés avec la direction du Hamas, hébergeant à Istanbul plusieurs membres de son bureau politique. Ankara a multiplié les déclarations hostiles à Israël, allant jusqu’à qualifier l’armée israélienne de “force d’occupation criminelle” au plus fort des combats. D’autre part, l’Autorité palestinienne reste perçue à Jérusalem comme un organisme corrompu, incapable de maintenir l’ordre en Judée-Samarie et toujours prompt à internationaliser le conflit devant la Cour pénale internationale.
Dans l’entourage du Premier ministre, on souligne que l’expérience de 2005, avec le retrait israélien unilatéral de Gaza, “ne sera pas répétée”. “À l’époque, nous avons cédé la bande à une administration palestinienne censée favoriser la paix ; elle a livré le territoire au terrorisme”, rappelle un conseiller cité par Jewish Breaking News. “Cette fois, Israël restera maître du cadre sécuritaire.”
Les responsables américains présents à Jérusalem — notamment le vice-président Vance et l’ancien gouverneur Mike Huckabee — ont, selon la presse israélienne, “pris acte” du refus israélien tout en insistant sur “l’importance de maintenir un dialogue ouvert”. Vance a déclaré :
“Nous voulons un partenaire fiable, et Israël est ce partenaire.”
Le message est limpide : Washington n’imposera rien à Jérusalem.
Cette convergence stratégique avec l’administration Trump renforce le sentiment, en Israël, que la période de tensions diplomatiques des années Biden est définitivement close.
Du côté arabe, les réactions oscillent entre frustration et réalisme. L’Égypte, principal médiateur depuis le début de la guerre, plaide pour une solution pragmatique. Un haut responsable du Caire a confié à Al-Hadath que “la stabilité passe avant les symboles politiques” et que “le rôle de la Turquie, trop alignée sur le Hamas, est inacceptable pour Israël comme pour l’Égypte”.
Quant à Ramallah, l’humiliation est totale. Mahmoud Abbas, qui espérait faire de Gaza une vitrine pour un éventuel État palestinien réunifié, voit s’éloigner cette perspective. Les discussions menées par les Américains se concentrent désormais sur une administration civile temporaire supervisée par des acteurs régionaux neutres, avec un contrôle sécuritaire israélien durable le long des frontières.
Pour les analystes israéliens, la décision de Netanyahu n’est pas seulement politique : elle découle d’un principe doctrinal vieux de soixante-quinze ans — celui de l’autonomie sécuritaire absolue. “Chaque fois qu’Israël a confié sa sécurité à d’autres, il l’a payée en sang”, résume le colonel (rés.) Ofer Winter, ancien commandant de la division Gaza. “Les Turcs ont des ambitions impériales, les Palestiniens des agendas internes, et Israël, lui, a la mémoire de 7 octobre.”
Cette fermeté s’inscrit dans une logique plus vaste : refuser que le post-conflit devienne une scène diplomatique où le Hamas, Ankara ou Ramallah reprendraient pied. Jérusalem exige que la reconstruction de Gaza soit strictement conditionnée à la démilitarisation complète de l’enclave et au désarmement total des factions islamistes.
Face aux illusions de la communauté internationale, Netanyahu choisit la continuité de la souveraineté. Il sait qu’à Gaza, la moindre concession se paye en vies israéliennes. Et tant que le monde libre confondra médiation et complaisance envers le terrorisme, Israël, lui, restera debout — seul s’il le faut, mais libre.
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