L’émissaire américain pour le Liban et la Syrie, Tom Barrack, a prévenu lundi que si Beyrouth ne prenait pas ses responsabilités dans le désarmement du Hezbollah, Israël « agirait unilatéralement ». Un avertissement clair, à la fois message diplomatique et feu vert implicite, alors que la frontière nord reste une poudrière.
Cette déclaration, rapportée par Amir Tsarfati dans la matinée du 20 octobre, a immédiatement résonné comme un signal politique fort.
« Si le Liban continue d’hésiter sur le désarmement du Hezbollah, Israël agira unilatéralement », a déclaré Tom Barrack, envoyé spécial américain pour la Syrie et le Liban.
Dans le langage feutré de la diplomatie, c’est un ton inhabituel, presque martial. Washington reconnaît publiquement que la situation au sud du Liban est devenue intenable : plus de 80 violations du cessez-le-feu ont été recensées ces dernières semaines, et le Hezbollah continue de fortifier ses positions à proximité immédiate de la frontière israélienne, en violation de la résolution 1701 de l’ONU.
Une ligne rouge dépassée
Depuis des mois, Tsahal surveille de près la prolifération d’armes lourdes et de drones au sud du Litani. Le Hezbollah, malgré la guerre à Gaza et les pressions internationales, maintient une posture offensive, persuadé qu’Israël ne voudra pas ouvrir un second front.
Mais selon plusieurs sources militaires citées par Infos-Israel.News, la patience israélienne s’épuise. L’armée a déjà déployé des unités renforcées dans la zone du Mont Dov et du Metoula, et l’état-major a autorisé des « réponses ciblées immédiates » à toute tentative d’attaque.
« Israël ne peut pas tolérer éternellement qu’un État dans l’État, armé par l’Iran, dicte ses règles au nord », confie un officier de réserve.
L’avertissement américain reflète cette même lassitude : les États-Unis, bien que partisans d’une stabilité régionale, comprennent désormais que l’inaction libanaise équivaut à une provocation.
Le Liban paralysé, le Hezbollah triomphant
Le gouvernement libanais, englué dans une crise économique et politique sans précédent, ne dispose plus d’aucune autorité réelle sur le sud du pays.
L’armée libanaise, affaiblie, manque de moyens et de soutien populaire.
Dans ce vide institutionnel, le Hezbollah agit en souverain absolu : il contrôle les routes, les télécommunications, et surtout les stocks d’armes que Téhéran continue d’acheminer clandestinement via la Syrie.
Le message de Tom Barrack s’adresse donc directement à Beyrouth, mais aussi à Damas et à Téhéran : si le Liban n’agit pas, Israël le fera.
Ce rappel de la doctrine israélienne de dissuasion préventive n’est pas nouveau, mais il prend ici une dimension diplomatique. Les États-Unis ne menacent pas Israël de retenue ; ils légitiment sa liberté d’action.
Un avertissement calculé
Pour Washington, cette posture a deux objectifs. D’une part, maintenir la pression sur le Hezbollah pour éviter une escalade incontrôlée ; d’autre part, envoyer un signal à l’Iran : toute extension du conflit vers le nord serait un casus belli régional.
Tom Barrack, proche conseiller du président Trump, incarne cette approche pragmatique : dialogue avec les États arabes, mais fermeté totale face aux milices iraniennes. Son intervention prépare peut-être le terrain à une coordination militaire accrue entre Israël et les États-Unis, notamment en matière de renseignement frontalier et de neutralisation des convois d’armes.
À Jérusalem, les propos de Barrack ont été reçus comme un soutien explicite.
Le ministre de la Défense Israël Katz a salué une « clarté bienvenue dans un moment où le silence international nourrit l’agression ».
Du côté du Hezbollah, les médias affiliés ont dénoncé « une ingérence américaine et une provocation sioniste », preuve que le message a bien été entendu.
Le compte à rebours du Nord
Sur le terrain, la tension monte de jour en jour. Les habitants de Kiryat Shmona et de Metoula vivent au rythme des sirènes, tandis que les patrouilles de Tsahal multiplient les exercices de dissuasion.
Personne ne souhaite une guerre totale, mais tout le monde s’y prépare.
Dans les mots sobres de Tom Barrack se lit l’essentiel : la diplomatie a ses limites, la sécurité n’en a pas.
Et si Beyrouth ne parvient pas à désarmer le Hezbollah, c’est Israël — une fois de plus — qui devra le faire, seul mais déterminé.