L’avertissement est sans ambiguïté. À la veille de nouvelles discussions au Caire sur la libération des otages israéliens et le plan de paix pour Gaza, Donald Trump a adressé dimanche un ultimatum d’une brutalité calculée : si le Hamas « s’obstine à rester au pouvoir à Gaza », il sera « totalement détruit ». Interviewé par Jake Tapper sur CNN, le président américain a lancé ces mots lapidaires : « Complete annihilation! ». Un message qui résonne comme un coup de tonnerre diplomatique, alors même que l’organisation terroriste prétend vouloir négocier.
Le langage du feu : “On saura très vite si le Hamas est sérieux”
Trump a confirmé que les discussions de paix allaient s’ouvrir lundi au Caire, sous médiation américaine, qatarie et égyptienne. L’objectif : finaliser la libération des otages israéliens avant la mise en œuvre du plan de paix en vingt points présenté par la Maison-Blanche.
« Nous saurons très bientôt si le Hamas veut réellement la paix », a-t-il déclaré.
Lorsqu’on lui a demandé si le Premier ministre israélien Benjamín Netanyahou soutenait sa demande de cesser les bombardements, Trump a répondu sans hésitation : « Yes on Bibi ».
Une manière de réaffirmer le soutien américain au gouvernement israélien, malgré la pression internationale pour une trêve immédiate.
90 % de l’accord déjà ficelés
En parallèle, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a indiqué sur ABC News que “90 % des détails de l’accord sur les otages sont déjà réglés”, tout en soulignant que les négociations « ne peuvent pas durer des semaines, ni même plusieurs jours ».
« Nous espérons une conclusion dès le début de la semaine », a précisé Rubio. « Il reste des détails logistiques, mais nous n’avons jamais été aussi proches de ramener tous les otages. »
Netanyahou fixe une ligne rouge : pas de libération, pas d’accord
À Jérusalem, Benjamín Netanyahou a tenu à clarifier la position d’Israël lors d’une rencontre avec les familles endeuillées du Forum du Courage :
« Aucun des vingt points du plan Trump ne sera mis en œuvre tant que le premier — la libération de tous les otages, vivants ou morts — ne sera pas réalisé. Tant que tous ne seront pas sur le sol israélien, il n’y aura aucun autre pas en avant. »
Le Premier ministre a également prévenu que si le Hamas ne respecte pas le délai de 72 heures fixé par Trump, Israël reprendra immédiatement les opérations militaires, avec le soutien total des alliés occidentaux.
« Si les otages ne sont pas libérés à temps, nous reprendrons le combat, avec l’appui de toutes les nations impliquées », a-t-il martelé.
Le dilemme du Hamas : sauver la face ou disparaître
Selon le New York Times, les dirigeants du Hamas reconnaissent qu’il leur sera difficile de libérer tous les otages dans le délai imposé. Des sources palestiniennes affirment que le mouvement réclame en échange la libération de 250 prisonniers palestiniens, dont le vétéran Marwan Barghouti, considéré par beaucoup comme le seul leader capable de réunifier les Palestiniens après l’effondrement de Mahmoud Abbas.
Mais Israël refuse catégoriquement d’inclure Barghouti dans la liste. « Sa libération serait un cadeau politique au terrorisme », a commenté un haut responsable israélien cité par Infos-Israel.News (infos-israel.news/category/alerte-info-24-24/).
Le Caire, théâtre d’une diplomatie sous tension
Les délégations israélienne et palestinienne devraient se retrouver dans le même complexe hôtelier du Caire, mais dans des ailes séparées. La médiation égyptienne visera d’abord à fixer un calendrier de libération des otages, avant d’aborder les questions explosives du désarmement du Hamas et du retrait partiel des forces israéliennes.
Le Hamas exige en contrepartie l’arrêt total des opérations militaires israéliennes, y compris aériennes, pendant toute la durée des discussions. Israël, de son côté, refuse tout arrêt complet, insistant sur le maintien d’une présence militaire « minimale mais essentielle » dans le sud de la bande de Gaza.
Un avertissement sans précédent
En menaçant d’« anéantir complètement » le Hamas, Donald Trump ne parle pas à la légère. Son entourage évoque un plan militaire d’urgence prêt à être activé si le mouvement terroriste rejette les termes de l’accord. Il s’agirait d’une coordination américano-israélienne sans précédent, combinant pression aérienne et cyberattaques ciblées contre les infrastructures du Hamas.
Cette fermeté contraste avec les hésitations de l’administration Biden, qui, selon plusieurs diplomates, a perdu de sa crédibilité régionale après avoir plaidé pour une désescalade sans résultat. Pour Trump, il s’agit d’un moment charnière de politique mondiale, à la fois démonstration de puissance et test de leadership avant les prochaines élections américaines.
Israël, entre méfiance et espoir
À Tel-Aviv comme à Jérusalem, les autorités observent avec un mélange de soulagement et de prudence la reprise en main américaine. « Trump parle le langage que le Hamas comprend : celui de la force », analyse le colonel (rés.) Oren Barak, spécialiste de la sécurité régionale.
Mais d’autres avertissent : si le Hamas ne tombe pas, les factions pro-iraniennes comme le Jihad islamique ou le Hezbollah pourraient s’emparer du vide politique.
Netanyahou le sait : toute accalmie ne vaut que si elle s’accompagne du désarmement total du Hamas. Et à défaut de paix durable, Israël se réserve le droit de reprendre la guerre — cette fois avec la bénédiction explicite de Washington.
“La paix, ou la fin du Hamas”
C’est désormais la formule clé de la stratégie américaine. Le plan Trump pour Gaza, loin des euphémismes diplomatiques, repose sur un principe clair : la paix sera imposée, ou la guerre terminera le Hamas.
Une promesse brutale, mais peut-être la seule que l’organisation islamiste comprenne.