À New York, l’Assemblée générale des Nations unies a encore sombré hier dans une démonstration de duplicité : Israël a été accusé de « génocide » et de « famine organisée » à Gaza, pendant que le même podium accueillait sans gêne Ahmad al-Joulani, chef du régime syrien, ancien terroriste d’al-Qaïda et responsable de massacres récents contre les Druzes en Syrie. Ce contraste saisissant illustre à quel point l’ONU, fondée il y a 80 ans pour prévenir les guerres et promouvoir la paix, traverse aujourd’hui une crise morale sans précédent.
Depuis plusieurs mois, la rhétorique anti-israélienne occupe une place quasi exclusive dans les débats des Nations unies. À chaque session, des résolutions accusant Israël d’atrocités circulent, souvent rédigées et promues par des régimes qui n’ont eux-mêmes aucun respect pour les droits humains. Le secrétaire général, les rapporteurs spéciaux et de nombreux États membres emploient un vocabulaire de plus en plus radical, reprenant parfois presque mot pour mot les slogans de propagande du Hamas et de ses alliés régionaux. On accuse Israël de provoquer une famine à Gaza, alors que l’État hébreu continue de laisser entrer de l’aide humanitaire via les points de passage, malgré les risques sécuritaires, et que les rapports indépendants montrent que les stocks sont régulièrement détournés par le Hamas au profit de ses combattants.
Ce qui choque encore davantage, c’est l’aveuglement volontaire face aux crises bien réelles qui secouent d’autres régions du monde. Alors que le Soudan sombre dans une guerre civile avec des centaines de milliers de morts et de déplacés, que le Yémen connaît depuis près d’une décennie une catastrophe humanitaire où la famine est documentée par toutes les ONG, et que la Syrie reste un champ de ruines où le régime massacre son peuple, l’ONU choisit de focaliser ses projecteurs sur Israël, seule démocratie du Moyen-Orient. Les accusations de « génocide » sont non seulement fausses, mais elles banalisent le terme en le vidant de son sens face aux véritables exterminations qui continuent ailleurs.
Le sommet de cette mascarade a été atteint hier, lorsque l’organisation a accepté d’accueillir sur sa scène Ahmad al-Joulani, chef de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), héritier direct d’al-Qaïda en Syrie, recyclé en « dirigeant » politique après avoir troqué son treillis pour un costume sur mesure. Mais derrière la barbe taillée et le discours policé se cache toujours le même homme : un terroriste recherché, responsable de massacres de civils, notamment de dizaines de Druzes dans le sud de la Syrie il y a quelques semaines à peine. Qu’un tel individu puisse être invité à donner des leçons de morale à la communauté internationale est une insulte aux victimes de son organisation, mais aussi à la mémoire de ce que l’ONU prétend incarner.
Israël, à juste titre, dénonce cette dérive comme une farce. Le Premier ministre et les diplomates israéliens soulignent que jamais, depuis la création de l’ONU en 1945, l’organisation n’a été aussi éloignée de ses valeurs fondatrices. La Charte des Nations unies parlait de « préserver les générations futures du fléau de la guerre » et de « promouvoir les droits de l’homme et la dignité humaine ». Or, aujourd’hui, l’institution se fait le relais de campagnes de haine, amplifie des mensonges grossiers et offre une tribune aux pires criminels.
Les familles des otages israéliens détenus à Gaza n’ont pas été invitées à s’exprimer à la tribune. Les survivants des massacres du 7 octobre n’ont pas eu droit au même écho médiatique que les représentants du Hamas. Mais un ancien cadre d’al-Qaïda, lui, a eu toute latitude pour accuser Israël, inversant les rôles entre bourreau et victime. C’est ce renversement moral qui scandalise tant de démocraties, mais qui, paradoxalement, alimente aussi le désengagement de ces mêmes démocraties, lassées de se battre dans une enceinte où les votes sont souvent acquis d’avance à des blocs hostiles.
En Israël, le sentiment est désormais clair : l’ONU n’est plus un arbitre crédible. Les accusations répétées, dénuées de preuves solides, ont transformé l’organisation en caisse de résonance des régimes autoritaires. Les diplomates israéliens rappellent que même au plus fort de la Guerre froide, l’ONU avait su maintenir une certaine crédibilité. Aujourd’hui, elle franchit une ligne rouge en banalisant le terrorisme et en diabolisant la seule démocratie de la région.
Au fond, cette crise pose une question plus large : l’ONU, telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, peut-elle encore prétendre incarner la conscience universelle ? Ou n’est-elle devenue qu’un théâtre où les tyrans dictent l’agenda et où les démocraties servent de punching-ball ? Le contraste entre la célébration des 80 ans de l’organisation et le niveau de dégradation morale qu’elle affiche est saisissant.
Israël continuera de se défendre, quoi qu’en disent les résolutions biaisées ou les orateurs infâmes. Mais l’ONU, elle, perd chaque jour un peu plus de sa légitimité. Et en donnant hier la parole à un ancien d’al-Qaïda tout en condamnant Israël, elle a peut-être signé l’un de ses actes de décès symboliques.
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