Sous une pluie battante et au milieu d’une mer de drapeaux israéliens, la nation tout entière a accompagné hier à sa dernière demeure le major Shahar Netanel Bouzaglo הי״ד, tombé au combat dans la bande de Gaza. La cérémonie, empreinte d’une intensité rare, a réuni famille, camarades d’armes et anonymes venus rendre hommage à ce jeune officier dont la vie incarnait à la fois l’accomplissement personnel et le sens du devoir.
La scène qui a marqué les esprits fut celle de sa mère, tenant dans ses mains une lettre qu’elle lui avait écrite à l’occasion de Rosh Hashana et que son fils n’aura jamais eu le temps de lire. Sa voix, brisée par l’émotion, a résonné dans le silence des centaines de personnes présentes : « Tu as terminé ton diplôme, tu t’es marié, et tu avais enfin emménagé dans la maison dont vous rêviez tant. J’avais encore des chambres dans mon cœur pour les enfants qui allaient bientôt arriver. Je suis si fière de toi. Je me réjouissais de ton bonheur conjugal. Tu es protégé, des anges veillent sur toi. Je t’aime de toutes les fibres de mon âme. »
Ces mots bouleversants ont rappelé que derrière chaque uniforme, chaque nom gravé sur une stèle, se cache une histoire d’amour, de projets, de rêves interrompus. Shahar, jeune officier déjà marié et récemment installé avec son épouse, représentait l’espoir d’un avenir construit sur les ruines d’un pays en guerre. Ses proches décrivent un homme lumineux, profondément attaché à sa famille, mais aussi dévoué à ses soldats et à sa mission.
Le cortège funéraire, accompagné des chants traditionnels et du rugissement des pleurs, a pris des allures de rituel national. Dans un pays où chaque famille a un fils, un frère ou un ami en uniforme, la mort d’un officier ne reste jamais un drame privé. Elle devient un symbole, une blessure collective qui transcende les clivages.
Le ciel qui s’est ouvert en une pluie intense a semblé se mêler aux larmes versées. Beaucoup y ont vu un signe, comme si la nature elle-même pleurait la disparition d’un jeune homme dont l’histoire aurait dû être marquée par la vie, non par la guerre. Dans la foule, des jeunes brandissaient des drapeaux bleus et blancs détrempés, rappelant que le sang versé à Gaza est lié à la survie d’Israël et à son droit de vivre en paix.
L’enterrement de Shahar Netanel Bouzaglo intervient alors que les combats à Gaza continuent de prélever un lourd tribut sur Tsahal. Chaque soldat tombé est non seulement un guerrier, mais aussi un fils de famille, un mari, parfois déjà un père. Ces destins brisés rappellent le prix exorbitant payé pour la sécurité de l’État d’Israël.
Dans son oraison, un de ses supérieurs a souligné la bravoure de Shahar et la détermination dont il faisait preuve face au danger : « Il était l’exemple même de l’officier israélien : exigeant envers lui-même, protecteur envers ses hommes, et animé par un sens profond de la mission. Son sacrifice ne sera pas vain. »
Au-delà des discours officiels, c’est la voix des familles qui résonne le plus fort. La lettre de sa mère restera gravée dans la mémoire des Israéliens comme un témoignage de l’amour inconditionnel et de la douleur infinie de ceux qui donnent leurs enfants pour défendre le pays. Elle illustre la fracture intime qui traverse la société israélienne : entre l’espoir d’une vie normale et la réalité d’un conflit qui refuse de s’éteindre.
À la sortie du cimetière, de nombreux participants répétaient une phrase devenue un leitmotiv dans les cérémonies militaires : « יהי זכרו ברוך – Que sa mémoire soit bénie ». Pour les proches de Shahar, ce n’est pas seulement une formule rituelle, mais un engagement : celui de porter sa mémoire dans les combats à venir, dans les prières, et dans la volonté de continuer à bâtir une vie en Israël malgré les épreuves.
Le sacrifice du major Bouzaglo résonnera longtemps dans les cœurs, rappelant que la liberté d’Israël repose sur le courage de ses enfants. Et tandis que la pluie continue de tomber sur la terre fraîchement retournée, une certitude demeure : l’histoire personnelle de Shahar est désormais liée à celle de tout un peuple.
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