Les services de sécurité israéliens ont annoncé hier l’arrestation d’un Israélo-Américain, revenu récemment du Maroc, soupçonné d’avoir mené des activités d’espionnage au profit de l’Iran. Selon le communiqué officiel, l’homme aurait transmis à ses contacts iraniens des informations sensibles sur des personnalités politiques et sécuritaires de premier plan, notamment l’ancien chef d’état-major Herzi Halevi et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir.
Les enquêteurs affirment que le suspect a également pris des photos et vidéos de rues, de bâtiments et de sites stratégiques dans plusieurs villes israéliennes, avant de les envoyer à ses commanditaires. Ce mode opératoire correspond, selon le Shin Bet, à une méthode classique de renseignement iranien consistant à cartographier le territoire israélien à travers des agents ayant une double nationalité ou des facilités d’entrée sur le territoire.
Les premiers éléments de l’enquête révèlent que le suspect aurait été approché lors d’un séjour prolongé au Maroc, où il aurait rencontré un agent opérant sous couverture civile. L’Iran, qui entretient des réseaux actifs en Afrique du Nord et en Turquie, utilise souvent ces points de passage pour recruter, former et briefer ses agents avant de les envoyer en mission en Israël.
Les autorités israéliennes rappellent que ce n’est pas la première fois que Téhéran tente d’exploiter des binationaux ou des voyageurs pour collecter du renseignement. En 2022 déjà, plusieurs citoyens arabes-israéliens avaient été arrêtés après avoir été recrutés par les Gardiens de la Révolution via les réseaux sociaux. Cette fois, le fait qu’il s’agisse d’un Israélo-Américain met en lumière une nouvelle stratégie : élargir le spectre des cibles pour échapper aux radars habituels.
Un haut responsable sécuritaire cité par Haaretz a déclaré : « Les Iraniens cherchent en permanence à pénétrer le tissu israélien par des moyens détournés. Ils ciblent les failles psychologiques, les besoins financiers ou les idéologies extrêmes. Chaque arrestation de ce type confirme leur obstination et souligne la nécessité d’une vigilance permanente. »
Le dossier est particulièrement sensible car il concerne des personnalités au cœur de la vie politique et militaire israélienne. Herzi Halevi, qui a récemment quitté ses fonctions de chef d’état-major de Tsahal, reste un acteur influent dans le débat sécuritaire. Quant à Itamar Ben Gvir, ministre controversé et figure de l’extrême droite, il fait régulièrement l’objet de menaces. La possibilité que leurs déplacements ou habitudes aient été surveillés par un agent lié à l’Iran soulève des inquiétudes évidentes.
Les services de sécurité insistent toutefois sur le fait qu’aucune donnée classifiée n’aurait été compromise. Le suspect aurait principalement collecté des informations de terrain, à usage potentiel pour la préparation d’attentats ou pour évaluer la sécurité des responsables israéliens. Un officier du Shin Bet souligne : « Même des images banales de rues, si elles sont compilées méthodiquement, peuvent servir de base opérationnelle. C’est précisément pourquoi nous considérons ce type d’activité comme extrêmement grave. »
Sur le plan diplomatique, cette affaire risque d’attiser encore davantage les tensions entre Israël et l’Iran, déjà exacerbées par les attaques de drones houthistes contre Eilat et les frappes israéliennes contre des positions iraniennes en Syrie. Elle pourrait également relancer la coopération sécuritaire entre Israël et les États-Unis, puisque le suspect détient également la nationalité américaine. Washington n’a pas encore réagi officiellement, mais la question de la radicalisation d’expatriés ou de binationaux est déjà au centre de l’agenda sécuritaire américain.
La justice israélienne a prolongé la détention du suspect afin de permettre la poursuite de l’enquête. Des chefs d’accusation d’espionnage aggravé et de contacts avec un agent étranger devraient être déposés prochainement. Si ces accusations sont confirmées, l’homme risque une peine de prison lourde pouvant aller jusqu’à la perpétuité.
Cette arrestation intervient dans un climat de méfiance accru en Israël, où la société vit depuis le 7 octobre dans une atmosphère d’alerte permanente. Les appels répétés des autorités à signaler tout comportement suspect prennent aujourd’hui une résonance particulière. Comme l’a résumé un analyste du Jerusalem Post : « L’Iran ne cherche pas seulement à frapper militairement Israël. Il veut aussi saper la confiance des citoyens dans leur sécurité quotidienne. »
L’affaire de l’Israélo-Américain arrêté pour espionnage sera désormais un test pour la capacité des services israéliens à neutraliser non seulement les roquettes et drones ennemis, mais aussi les infiltrations plus subtiles qui visent le cœur même de la société israélienne.
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