Super-Spartiate ? Pourquoi la comparaison de Netanyahou avec la Grèce antique divise

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En déclarant récemment qu’Israël devait se transformer en « super-Spartiate » pour faire face à son isolement international, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a ravivé un vieux débat intellectuel et politique : celui du modèle historique sur lequel Israël devrait s’appuyer pour forger son identité collective. La référence à Sparte, cité-État guerrière de la Grèce antique, touche à un nerf sensible de la mémoire israélienne.

Un débat ancien, de Ben Gourion à Netanyahou

Dès la fondation de l’État, David Ben Gourion avait réfléchi à cette alternative : Israël devait-il ressembler à Athènes, foyer de la démocratie, des arts et de la philosophie, ou à Sparte, société militaire où le service des armes était central ? Faute de trancher, Ben Gourion avait puisé dans les deux modèles. La question n’a jamais disparu. Plus récemment, l’artiste Yehoram Gaon avait lui aussi affirmé que « ce pays doit être une Sparte ».

Dans son ouvrage Fortress Israel, le journaliste américain Patrick Tyler voyait déjà Israël se détourner du modèle athénien pour s’enfermer dans une logique spartiate. En choisissant ce terme de « super-Sparte », Netanyahou n’a donc pas improvisé : il a repris une image enracinée dans l’imaginaire politique israélien.

Sparte, Athènes : images d’Épinal et réalités historiques

Pour l’opinion publique, Athènes et Sparte apparaissent comme deux pôles opposés : l’une, démocratique, tournée vers la culture ; l’autre, militariste et autoritaire. Mais la réalité historique est plus complexe.

  • Sparte, malgré sa réputation de société guerrière, limitait ses guerres de conquête et avait inscrit dans sa loi l’interdiction d’affronter sans cesse le même ennemi. Ses femmes bénéficiaient d’un statut et d’un rôle politique plus affirmés qu’à Athènes.
  • Athènes, de son côté, était certes une démocratie… mais réservée à une minorité d’hommes libres, tandis que les femmes et les esclaves vivaient sous tutelle. Elle dirigeait un empire de « cités alliées » réduites à la soumission et n’hésitait pas à détruire des populations entières, comme à Mélos en 416 av. J.-C.

Ainsi, vouloir chercher Israël dans l’un ou l’autre modèle antique est un piège rhétorique : ni Sparte ni Athènes n’offrent un reflet crédible de la société israélienne contemporaine.

Une métaphore à double tranchant

Si l’expression de Netanyahou choque une partie de la société, c’est qu’elle suggère une identité réduite à la survie militaire, au détriment des dimensions démocratiques et culturelles d’Israël. Mais pour ses partisans, l’image parle d’elle-même : un État assiégé doit assumer sa force et bâtir sa cohésion sur la discipline et la puissance armée. Dans le contexte de la guerre contre le Hamas et des pressions diplomatiques, l’analogie spartiate apparaît comme une manière de revendiquer une identité de résilience et de résistance.

Israël, un modèle singulier

Au fond, comme le rappelle l’historien Neil Bar, auteur de Égaux – L’histoire de Sparte, aucune comparaison ne peut vraiment rendre compte de la spécificité israélienne. « L’histoire ne se répète pas, et elle ne rime même pas », écrit-il. Israël est une réalité unique, forgée par la mémoire de la Shoah, par l’aliyah des communautés juives du monde entier, et par un environnement régional où la survie nationale reste une préoccupation quotidienne.

Plutôt que de chercher dans la Grèce antique des modèles de substitution, le défi israélien est de construire un équilibre propre : assurer la sécurité, tout en préservant la vitalité démocratique et culturelle qui fait la richesse du pays. Dans ce sens, Israël n’a pas besoin d’être Athènes ni Sparte. Israël doit être Israël, avec ses contradictions et sa singularité.

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