À Jérusalem, l’inquiétude monte. Après les propos de Benyamin Netanyahou sur un « isolement diplomatique » croissant, l’Union européenne s’apprête à examiner des mesures inédites contre Israël, avec au cœur du débat la suspension partielle des avantages commerciaux dont bénéficie l’État hébreu.
Une réunion cruciale à Bruxelles
Les commissaires européens doivent se réunir mercredi pour examiner une proposition inspirée par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. L’idée : geler certains volets des accords de libre-échange avec Israël, un mécanisme qui réduit taxes et droits de douane pour les produits israéliens exportés vers l’UE.
Mais la procédure est complexe : même si la Commission valide le texte, il faudra ensuite un vote à la majorité qualifiée du Conseil européen — soit 65 % de la population de l’UE représentée. Pour l’heure, Berlin et Rome s’opposent aux sanctions, bloquant toute majorité.
« Sur la voie de Sparte »
Un haut responsable israélien a confié à Ynet : « Si le commerce est touché, nous serons vraiment sur la voie de Sparte. » L’expression renvoie à la rhétorique employée ces derniers jours par Netanyahou, comparant Israël à une Sparte moderne, isolée mais résiliente et armée.
L’avertissement est lourd de sens : l’UE est le premier partenaire commercial d’Israël, avec un volume de 42,6 milliards d’euros en 2024, dont 37 % liés à des régimes de préférences tarifaires.
Sanctions ciblées et divisions internes
Outre le commerce, Bruxelles discute aussi de sanctions individuelles contre certains ministres israéliens. Les précédentes tentatives avaient échoué, mais les Pays-Bas ont déjà appliqué des mesures restrictives contre Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich en invoquant l’accord de Schengen.
Les diplomates européens jugent que plus Israël avancera dans son offensive à Gaza ou dans d’éventuelles mesures d’annexion en Judée-Samarie, plus la dynamique en faveur de sanctions gagnera du terrain.
Des gestes symboliques mais lourds de conséquences
Pour l’instant, les sanctions effectives décidées par Bruxelles restent limitées, touchant surtout des enveloppes d’aide extérieure considérées comme marginales. Certaines institutions, comme Yad Vashem, ont été explicitement exclues de toute mesure. Mais la perspective d’un coup de frein sur le commerce inquiète fortement les milieux économiques israéliens, qui craignent une perte de compétitivité immédiate face à des concurrents asiatiques ou américains.
Israël face au défi de la résilience
À Jérusalem, la ligne officielle reste de minimiser l’effet d’isolement et de rappeler les alliances stratégiques solides avec Washington, Londres, New Delhi ou encore Tokyo. Mais dans les faits, une réduction des échanges avec l’UE obligerait Israël à accélérer son virage vers l’Asie et à renforcer son autosuffisance économique — un scénario qui alimente les discours comparant l’État hébreu à une « super-Sparte », prête à affronter l’hostilité de son environnement.
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