La scène s’est déroulée ce mardi matin à la base de recrutement de Tel HaShomer, près de Tel-Aviv. Le député Tsvi Sukkot (sionisme religieux) est venu saluer les nouvelles recrues haredim, intégrées ce jour à des unités spécifiquement adaptées au service des jeunes ultra-orthodoxes. Dans un contexte de vives tensions, sa visite a pris une dimension hautement symbolique.
À l’extérieur, des militants du « courant de Jérusalem », farouchement opposés à la conscription des ultra-orthodoxes, manifestaient bruyamment. À l’intérieur, Sukkot a multiplié les gestes de soutien : poignées de mains, paroles d’encouragement et même distribution de chocolats aux jeunes appelés. « Je suis venu pour embrasser et renforcer ces soldats haredim qui s’apprêtent à servir, face à ceux qui cherchent à les humilier. Je veux leur dire qu’un peuple entier se tient derrière eux », a-t-il déclaré.
Le message vise à renforcer la légitimité de ces enrôlements, souvent contestés au sein du monde ultra-orthodoxe. Depuis plusieurs années, l’armée israélienne met en place des filières spéciales, permettant aux jeunes religieux de servir dans des unités respectant leur mode de vie — qu’il s’agisse de la nourriture, du cadre religieux ou des horaires d’étude. Mais malgré ces aménagements, chaque vague de recrutement donne lieu à des manifestations hostiles, reflet d’une fracture persistante entre les partisans de la participation à la défense nationale et ceux qui considèrent que l’étude religieuse doit primer.
Dans le climat actuel, marqué par la guerre contre le Hamas et la mobilisation massive de réservistes, le débat prend une acuité nouvelle. L’armée a plus que jamais besoin de recrues, et l’intégration progressive des haredim constitue un enjeu de société. Le geste de Sukkot, au-delà de sa portée politique, se veut un signal d’unité nationale : « Ces jeunes ne doivent pas être traités en parias mais en héros, car ils participent à l’effort commun. »
Ce soutien public illustre une évolution lente mais significative. Alors que le refus du service militaire reste ancré dans certaines franges ultra-orthodoxes, une nouvelle génération choisit de s’enrôler, portée par un sentiment de responsabilité partagée dans un Israël sous menace constante.
La visite de Sukkot rappelle que derrière chaque uniforme, il y a une bataille culturelle autant que militaire : celle d’un pays qui cherche à concilier identité religieuse et devoir national, dans un contexte sécuritaire qui ne laisse aucun répit.
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