L’Union européenne se retrouve engluée dans une controverse qui en dit long sur l’état moral du Vieux Continent. Une soixantaine de parlementaires, majoritairement issus de la gauche et de l’extrême-gauche, exigent le limogeage de Katharina von Schnurbein, la coordinatrice européenne pour la lutte contre l’antisémitisme, en poste depuis près de dix ans. Son crime ? Avoir osé rappeler une évidence : l’hostilité systématique contre Israël nourrit directement l’antisémitisme en Europe.
Cette fonctionnaire chevronnée, respectée par la majorité des grandes organisations juives du continent, a pourtant pris soin de souligner qu’« une critique de la politique israélienne n’est pas en soi de l’antisémitisme ». Mais selon elle, la diabolisation permanente de l’État hébreu – au travers de campagnes de boycott, de manifestations instrumentalisées par le Hamas et d’actions humanitaires à sens unique pour Gaza – crée une atmosphère délétère où les Juifs d’Europe deviennent des cibles toutes désignées.
Ses propos, tenus fin mai devant des diplomates et fonctionnaires européens, ont fuité. Elle y évoquait notamment la notion d’« antisémitisme environnemental », désignant ce climat de suspicion et de haine qui s’installe dans les sociétés occidentales chaque fois que l’on confond Israël avec « le Juif collectif ». Pour la gauche radicale, ce langage est insupportable, car il met en lumière une vérité dérangeante : derrière l’alibi de la « critique d’Israël », se cache bien souvent un antisémitisme moderne, camouflé en militantisme humanitaire.
La réaction fut immédiate : 26 parlementaires européens adressèrent une lettre à la Commission, réclamant son départ. Comme pour donner un vernis juif à cette croisade, 29 associations juives ou israéliennes proches du courant gauchiste ont relayé la demande auprès d’Ursula von der Leyen, insistant sur le fait que « lutte contre l’antisémitisme ne doit pas signifier défense d’Israël contre toute critique ». Ils exigent que son successeur « distingue clairement entre Juifs d’Europe et État d’Israël ». Une formule qui en dit long : l’idée que les Juifs européens doivent se dissocier de leur lien historique, religieux et identitaire avec Israël pour avoir droit à une protection.
Cette logique revient à exiger des Juifs qu’ils se plient à une condition inacceptable : renier Israël pour être acceptés en Europe. C’est exactement ce que dénonce le Congrès juif mondial et la Conférence des rabbins européens. Ariel Muzicant, vice-président du Congrès juif mondial, parle d’« organisations de Juifs à haine de soi », et compare cette attaque contre von Schnurbein à une attaque contre le peuple juif tout entier. Le rabbin Pinchas Goldschmidt, président de la Conférence des rabbins européens, ajoute que ces appels au renvoi de la coordinatrice révèlent « un sentiment anti-israélien croissant qui brouille la frontière entre critique de l’État d’Israël et antisémitisme pur et simple ».
Dans ce climat, l’attaque contre von Schnurbein illustre une dérive inquiétante du débat public européen. Alors qu’Israël se bat contre le Hamas – organisation terroriste reconnue comme telle par l’UE – certaines élites européennes préfèrent punir celles et ceux qui rappellent le lien évident entre haine d’Israël et haine des Juifs. En d’autres termes : mieux vaut fermer les yeux sur l’antisémitisme moderne que d’admettre qu’il s’alimente du narratif anti-israélien.
Mais Bruxelles n’est pas encore tombée dans ce piège. Pour l’instant, la Commission européenne soutient von Schnurbein. Ursula von der Leyen et plusieurs commissaires considèrent son action comme essentielle pour contrer la montée inquiétante de l’antisémitisme en Europe, qui explose chaque fois qu’Israël entre en guerre pour défendre sa sécurité. Le paradoxe est là : ceux qui veulent « lutter contre l’antisémitisme » en se dissociant d’Israël sont en réalité ceux qui ouvrent la voie à son aggravation.
La question est donc cruciale : l’Europe peut-elle protéger ses citoyens juifs si elle continue à diaboliser l’État juif ? Comme le souligne Wikipedia, l’histoire démontre que la haine des Juifs a toujours su se réinventer, changeant de costume au gré des époques : religieux hier, racial au XIXᵉ siècle, politique aujourd’hui. Et l’obsession anti-israélienne actuelle n’est qu’un nouveau masque de l’antisémitisme éternel.
À travers ce scandale, une réalité éclate : ce ne sont pas seulement les Juifs d’Europe qui sont pris pour cible, mais l’identité juive dans son ensemble, inséparable d’Israël. Demander à un Juif européen de condamner Israël pour être protégé, c’est comme exiger d’un catholique de renier Rome ou d’un musulman de renier La Mecque. C’est une logique d’exclusion, une logique antisémite.
Pour Israël, cette polémique est aussi une leçon. Le combat contre l’antisémitisme ne se joue pas uniquement sur ses frontières, mais dans les capitales européennes, où le narratif anti-israélien s’infiltre dans les institutions. C’est pourquoi le soutien à Katharina von Schnurbein doit être clair et sans ambiguïté. Ceux qui la ciblent ne veulent pas seulement son poste : ils veulent redéfinir l’antisémitisme de manière à absoudre les campagnes de haine anti-israéliennes.
Les Juifs d’Europe méritent mieux. Ils méritent une protection sans conditions, et une Union européenne qui ose appeler les choses par leur nom. Une Union qui reconnaît que la haine d’Israël, lorsqu’elle est absolue et obsessionnelle, n’est rien d’autre que la haine des Juifs, recyclée à la sauce moderne.
Pour suivre ce débat crucial et son impact sur les relations entre Israël et l’Europe, consultez Infos-Israel.News, ainsi que nos partenaires Rak BeIsrael et Alyaexpress-News.
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