La Commission israélienne des valeurs mobilières (ISA) a frappé fort : l’enseigne de distribution Rami Lévy Shivouk HaShikma, son fondateur Rami Lévy lui-même, et le directeur financier de l’entreprise, Ofer Beharal, viennent d’écoper de sanctions lourdes pour irrégularités dans leurs rapports financiers du premier trimestre 2023.
Les chiffres tronqués étaient loin d’être marginaux : le bénéfice net avait été gonflé artificiellement de 44,5 millions de shekels. Une « erreur » qui a faussé 13,3 % du bénéfice brut, 65,4 % du bénéfice net et près de 8 % des fonds propres. Autrement dit, des écarts qui changent radicalement la perception de la santé économique du groupe.
Les sanctions tombent
- 1,4 million de shekels d’amende pour la société.
- 250 000 shekels d’amende personnelle pour Rami Lévy.
- 200 000 shekels pour Ofer Beharal, assortis d’une interdiction d’exercer une fonction de direction financière pendant un an.
Responsabilité personnelle
L’argument de défense avancé par Rami Lévy – selon lequel il s’était fié à ses experts – n’a pas convaincu le régulateur. L’ISA a rappelé qu’en tant que PDG et actionnaire de contrôle, il lui incombait de vérifier et d’assurer la conformité des rapports. Une manière claire de rappeler que le statut d’« homme fort » de l’économie israélienne n’exonère pas des obligations légales.
Un coup dur pour l’image
L’affaire résonne d’autant plus fortement que Rami Lévy est considéré comme un symbole de réussite populaire, parti d’une petite épicerie à Jérusalem pour bâtir un empire de la grande distribution. Le public, qui associe son nom à des prix bas et à une réussite « made in Israel », découvre aujourd’hui la fragilité de cette image.
Pour les investisseurs comme pour les consommateurs, la confiance est l’élément clé. Dans un contexte régional où la sécurité économique d’Israël est scrutée autant que sa sécurité militaire, une telle affaire pose question : comment un groupe coté en bourse a-t-il pu présenter des comptes entachés d’erreurs aussi massives sans qu’aucun garde-fou ne s’active ?
Conséquences à long terme
L’impact immédiat est financier, mais le véritable risque est réputationnel. La sanction contre Lévy et son directeur financier rappelle la détermination de l’ISA à imposer la transparence et la rigueur dans le monde des affaires israélien. Un signal envoyé aux grandes entreprises : la tolérance zéro est de mise, même pour les figures emblématiques.
Cette affaire tombe à un moment où l’économie israélienne doit faire face à des défis stratégiques : inflation, tensions régionales, mais aussi nécessité de maintenir une image de sérieux face aux investisseurs internationaux.
En d’autres termes, Israël peut tolérer la volatilité des marchés mondiaux ou l’instabilité sécuritaire, mais certainement pas le doute sur l’intégrité de ses champions économiques.
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